Montrez-moi vos mains

publié dans Littérature française

Mon avis :  5.gif

Quand un artiste que j'apprécie particulièrement prend la plume pour la première fois, évidemment, je ne peux pas résister ! Et j'ai bien fait.

On ne choisit pas ce genre d'essai pour ses qualités littéraires (quoique pour le coup, c'est plutôt pas mal réussi) mais essentiellement pour ce que cela va raconter.

En mode groupie initialement, j'ai été très touchée par ce qu'Alexandre Tharaud nous livre.

La vie d'un artiste, d'un soliste de haut niveau, qui vit et vibre au travers de la musique. Il ne semble pas courir après la reconnaissance, fuyant les cocktails mondains. Sa vie, c'est la scène, le public et tout son univers.

J'ai ri lorsqu'il décrit les différents tourneurs de pages qui l'accompagnent lors de ses représentations; j'ai encore ri lorsqu'il disserte sur les différentes façons des spectateurs de tousser en plein concert ou alors de déballer son papier de bonbon. Sans parler de sa façon de découper, scotcher ses partitions (un pianiste qui déroge au sacro-saint par coeur !!)

Sa vie, ce sont les avions, les hôtels, la découverte d'une nouvelle scène, d'un nouveau piano. Et ses amis, qui lui tournent le dos car il ne peut que rarement répondre présent aux invitations à dîner, comme si manger avec quelqu'un était la condition d'une réelle amitié. Ce pianiste est vraiment touchant.

Lorsqu'on pratique soi-même le piano (à un tout petit niveau...), c'est encore plus délectable à lire. Je ne suis donc pas la seule à être en difficulté pour "jouer" les fameux silences !!

J'espère un jour avoir la chance de le voir en concert pour écouter ses interprétations de Rachmaninov...

 

"Au piano, on peut aussi s'amuser à compter avant de jouer la première note, ou au cours d'un point d'orgue, un long silence, après le dernier accord, pour travailler la résonance, ce mystère qui suit la musique. Préparer un concert, c'est autant envisager le silence que le son. On néglige trop souvent les respirations. Les jeunes musiciens se déstabilisent face à leur propre silence, celui de l'auditoire, de l'écoute. Le regard muet les interroge. Encore une chose que le soliste doit réfléchir tout au long de sa vie, et travailler dans l'anticipation"

Commenter cet article